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Les batteries du Mont Canisy
15 janvier 2013

Mémorial de Montormel

Mémoire. A Montormel, l'histoire des objets de 1944 au Mémorial de Coudehard.
Histoiremardi 15 janvier 2013

Souvenir. Le musée-mémorial de Chambois-Montormel regorge d'objets collectionnés par Stéphane Jonot et ses amis. Tous ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale puis été oubliés.

1. Croix rouge, trouvée dans la ferme Jacquot, au début du Couloir de la mort, près de Moissy. « En 2009, les Jacquot ont vendu leur maison et m'ont demandé d'aller contrôler les greniers pour voir s'il y avait du matériel qui m'intéresserait. Roulé en boule, sous les combles, on a trouvé ça. Ils ne savaient même pas que ça se trouvait chez eux. C'est une des croix rouge que les Allemands avaient installée sur les pelouses pour indiquer que la maison servait de poste sanitaire, pour éviter les bombardements. On ne sait pas en quelle matière elle est faite. Certains disent que c'est du sang, d'autres que c'est l'équivalent du mercurochrome à l'époque. On sent que ça a été fait dans la précipitation. »

2. Planche avec enrouleurs de câbles allemands, trouvée dans la ferme Jacquot. « C'était le chariot de monsieur Jacquot. Il avait 6-7 ans en 1944. Et comme tous les petits garçons, il s'est fabriqué des jouets. Il a utilisé des enrouleurs de câbles allemands qu'il a fixés avec des chaînes sur une planche pour en faire un chariot. Ce n'est pas une pièce historique très importante. Mais ce qui est intéressant, c'est d'imaginer que dès la fin des combats et malgré leur violence, il y a des enfants qui ont utilisé du matériel militaire abandonné sur le champ de bataille pour en faire des jouets. La planche est vraisemblablement un bout de véhicule allemand. »

3. Brelage, trouvé il y a quelques années à Chambois. « Dessus, un nom est inscrit : Juzak. Vérification faite, nous n'avons trouvé aucun Juzak dans la division blindée polonaise. En regardant les photos des tombes du cimetière de Chambois, je vois un Joseph Chuba. Sur la stèle était marquée Juzak ; c'était son surnom. Les Polonais en utilisaient souvent. Ce gars était blessé à Chambois. Il est décédé des suites de ses blessures à Chambois le 23 août, et le brelage était resté sur place. On a retrouvé sa photo. Il est actuellement enterré dans un cimetière polonais. Un de ses cousins est d'ailleurs venu visiter le musée. »

4. Insignes, récupérés à Douvre-la-Délivrande, en déchetterie. « Ces insignes d'unités ont participé au débarquement. Je pense que la boîte appartenait à un jeune garçon, en 1944, qui devait collecter auprès des soldats alliés qu'il croisait leurs insignes. On a un panachage de toutes les unités britanniques et canadiennes qui interviennent sur le secteur de Douvres. Ce monsieur a dû atteindre 70 ans et est vraisemblablement décédé. Ses ayants droit ont dû les jeter. Il y a un brevet parachutiste en modèle plastique et un insigne de commando britannique rarissimes, des insignes du régiment de la Chaudière qui a combattu le 6 juin sur les plages... Vous pouvez être à peu près sûrs que, dans la nuit du 5 au 6 juin, les brevets de parachutistes ont sauté avec leurs propriétaires en Normandie. »

5. Plaque, trouvée accrochée à une grange jusqu'en 2009. « La croix rouge indique que c'est le poste sanitaire. Le symbole tactique signifie unité mécanisée - ça ressemble à un petit half track (véhicule)-. Les trois petits traits rouges représentent le 3e bataillon. Et on devine une forme jaune allongée avec un trait, ça veut dire 2e panzer division SS Das Reich. C'est celle d'Ouradour-sur-Glane. L'unité mécanisée confirme que c'est le 3e bataillon du régiment mécanisé de la Das Reich qui, entre autres, est le régiment Der Führer. Hors, cette pancarte vient du haut du plateau. Elle est restée accrochée pendant des années à une grange. Il s'agissait du poste sanitaire de l'unité qui a lancé les contre-attaques sur les Polonais le matin du 20 août 1944. »

6. Sac, récupéré dans une ferme. « Cet objet était resté dans une ferme. Il avait été récupéré par un archéologue qui l'utilisait pour mettre ses outils. Un de ses collègues, en voyant le sac, lui a dit : « C'est un sac historique qui date des combats de Normandie. C'est dommage de l'utiliser comme ça. » Donc il l'a récupéré. Il a fait des recherches et, très rapidement, il a retrouvé le fameux Rodber grâce à son matricule. On a pu apprendre que le soldat Thomas Alfred Rodber de la 8e Rifles'brigade a été tué dans un village le 18 juillet lors de l'opération Goodwood et qu'il était âgé de 22 ans. Sa famille doit venir d'Angleterre dans le courant de l'été. On mettra une photo à côté de l'objet. »

7. Combinaison de vol de la Royal air force, retrouvé dans un grenier. « L'hiver dernier, un monsieur se rend compte que de la neige est rentrée dans son grenier. Donc, avant que ça ne fonde, il va tirer la neige. Et il tombe sur cette combinaison, qui était recouverte d'une couche de poussières et qu'il n'avait jamais remarquée. Il a compris que c'était militaire. Et effectivement, c'est une combinaison d'altitude pour les bombardiers de la Royal air force. Ses parents, qui sont toujours existants et qui étaient là en 1944, ne se souviennent pas de cette combinaison. Ils se demandent bien ce qu'elle peut faire dans le grenier. Est-ce que c'est un Britannique qui a été se cacher dans le grenier, qui s'est changé et qui a abandonné sa combinaison ? »

8. Casque, retrouvé au fond de la mer. « Il y a quelques années, j'étais encore gamin, un monsieur me donne l'épave d'un casque US qu'il avait trouvé au fond de la mer, en plongée au large d'Omaha Beach. Par politesse, j'accepte le casque tout troué, visiblement sans intérêt. Je le laisse chez ma mère, dans la cave. Le temps passe, elle le déplace sans faire trop attention. Les coquillages qui étaient fixés dessus se décollent au fur et à mesure. Un jour, je rentre dans la cave et j'aperçois ce que je n'avais jamais vu avant, c'est l'espèce de demi-lune sur l'avant, et qui est spécifique au Jour J. Elle est portée par les unités des plages. Donc c'est le casque du Jour J par excellence. Maintenant, c'est la sainte relique. »

9. Drap de l'abbé Launay. « L'abbé Launay est celui qui a obtenu la reddition des troupes allemandes à Tournai-sur-Dive. Dans un premier temps, ils avaient installé au sommet du clocher un drapeau blanc. Il s'agissait d'un drap qu'il avait été prendre dans les chambres de la ferme où il se trouvait, c'est-à-dire la ferme Le Morellec. Je lui avais déjà demandé ce que signifiaient les initiales. Il ne m'avait jamais répondu jusqu'à une des dernières fois où il est venu ici. Il m'a dit : « Le L, ça veut dire Le Morellec ». Il a avoué : « Je leur ai volé, mais je crois que maintenant, j'ai l'absolution ». J'en ai informé un membre de la famille Le Morellec qui m'a dit qu'on pouvait le garder ici. »

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